Les bactéries sont les organismes vivants les plus anciens, mais aussi les plus petits.
Elles ont colonisé l’ensemble de la planète et jouent un rôle indispensable à la vie sur Terre.
Si la plupart sont inoffensives et bénéfiques, il existe néanmoins de nombreuses espèces pathogènes responsables de pandémie.
Quel rôle jouent-elles et où les trouve-t-on ?
Qu’est-ce qu’une bactérie ?
Les bactéries sont des micro-organismes, généralement constitués d’une seule cellule vivante, enveloppée dans sa membrane, dans laquelle tout est regroupé pour lui permettre de vivre et se reproduire. La cellule bactérienne ne possède pas de noyau (on dit que les bactéries sont des organismes procaryotes). Leur bagage génétique (ADN) se limite à un seul chromosome. Elles possèdent parfois, en plus, des plasmides, qui sont de petit morceau d’ADN circulaire.
Les bactéries sont les plus petites et les plus anciens des organismes vivants. Elles mesurent de 1 à 10 micromètres, un micromètre étant égal à un millième de millimètre (= 0,000 001 mètre). Elles peuvent avoir des formes sphériques (on parle de coques), ou de bâtonnets (on parle de bacilles), ou de spirales.
Souvent, elles sont groupées en colonies.
Les bactéries sont des organismes asexués. Pour se reproduire, une cellule se divise en deux bactéries identiques. Chez certaines, cela se fait toutes les 20 minutes. C’est dire qu’en 48 heures une seule bactérie pourrait donner naissance à des milliards de milliards de milliards de bactéries ! Heureusement que dans la nature rien n’est infini, ne serait-ce que par manque de nourriture.
Quel est leur rôle ?
Les bactéries sont indispensables à la vie ! Tout d’abord, elles recyclent : elles absorbent les composés organiques des animaux et des végétaux morts. Elles s’en nourrissent et restituent à l’atmosphère, sous forme de gaz carbonique, le carbone qu’ils contiennent. Ce carbone pourra être réabsorbé par les plantes pour pousser.
Les bactéries sont aussi les agents d’une multitude de processus biochimiques utiles, par exemple les fermentations (fromage, cidre, vin, vinaigre…). Certaines peuvent même synthétiser des carburants ou des produits chimiques.
Enfin, de nombreuses bactéries vivent en parfaite harmonie avec leur hôte, comme les bactéries présentes en abondance dans le tube digestif (la flore intestinale), et qui sont indispensables à son bon fonctionnement.
Cependant, ces bactéries intestinales peuvent devenir pathogènes dans certaines circonstances, comme lors d’une antibiothérapie qui va déséquilibrer la flore intestinale et provoquer des diarrhées, parce que la destruction de certaines bactéries a trop favorisé la prolifération d’autres bactéries.
C’est grâce aux travaux de Louis Pasteur que nous savons aujourd’hui que les bactéries peuvent être responsables d’infections (peste, lèpre, tuberculose, etc.).
Elles peuvent être opportunistes ou pathogènes :
- Les bactéries opportunistes (ou commensales) ne provoquent pas de maladies chez les sujets sains, mais deviennent pathogènes lorsque les défenses immunitaires sont altérées. Elles sont déjà présentes sur et à l’intérieur de notre corps.
- Les bactéries pathogènes sont responsables de maladies chez un sujet en bonne santé. Elle pénètre notre organisme et contourne nos défenses immunitaires. Leur mode de reproduction, vertigineux, les rend rapidement toxiques.
Bactéries et virus, quelle différence ?
Quand on parle de « microbes », on évoque indifféremment les bactéries ou les virus.
Le virus (qui provient d’un mot latin qui veut dire « poison ») est un agent infectieux réduit à son strict minimum : une enveloppe de protéines (appelée capside) qui protège un brin d’ADN. Typiquement, un virus est environ vingt fois plus petit qu’une bactérie.
Les virus ne peuvent pas se reproduire d’eux-mêmes : il faut pour cela qu’ils s’introduisent dans une cellule (qui peut être une bactérie, ou une cellule d’un animal), et utilisent ses fonctions de réplication.
Il y a d’immenses sortes et d’immenses quantités de virus qui ne sont pas dangereux pour l’homme, mais certains sont à l’origine de graves maladies infectieuses : poliomyélite, grippe, rage, sida, SRAS…
Les antibiotiques n’ont aucun effet contre les virus.
Où trouve-t-on les bactéries ?
Partout ! Surtout dans les milieux humides !
Elles ont colonisé tous les écosystèmes et participent largement à l’équilibre biologique terrestre.
On estime qu’il y a entre quatre et six mille milliards de milliards de milliards de bactéries dans le monde.
Celles qui ont besoin d’oxygène sont appelées aérobies ; elles vivent plutôt à l’air libre. Celles qui n’en ont pas besoin, appelées anaérobies, vivent plutôt dans les organismes vivants.
- Dans les milieux aquatiques : elles participent à l’autoépuration de l’eau. En se nourrissant de matières organiques, elles libèrent du dioxyde de carbone, de l’eau et des nutriments, qui vont à leur tour permettre aux algues de produire de l’oxygène. Lorsque l’on sait que la moitié de l’oxygène libéré dans l’atmosphère chaque jour provient des océans, on comprend mieux l’importance de leur rôle.
- Dans les sols : elles ont un rôle prépondérant dans le cycle des nutriments des sols, notamment en fixant l’azote et favorisent la fertilité des sols.
- Dans les environnements extrêmes : les bactéries ont une grande capacité d’adaptation et sont capables de vivre dans les milieux les plus hostiles (lacs salés, banquises ou encore dans des sources chaudes)
Chez les animaux (dont l’Homme), on les trouve dans les narines, la bouche, les intestins… ; elles se nichent partout, avec une préférence pour les milieux humides. D’après Joël Doré, directeur de la recherche à l’Inra, chacun de ces endroits présente une flore bactérienne spécifique assez stable, . On en a des milliards rien que sur notre peau.
Elles sont parfois là où on les attend le moins : il peut y en avoir davantage sur l’écran tactile d’un téléphone portable que sur un siège de toilette.
Au 17e siècle, le Hollandais Antoni Van Leeuwenhoek les observait déjà grâce à un microscope qu’il avait mis au point.
Comment éliminer les bactéries ?
Théoriquement le système immunitaire est en mesure de combattre les bactéries qui lui apparaissent comme des corps étrangers. Il peut arriver toutefois que le système immunitaire ne suffise pas à arrêter l’infection.
Certaines bactéries, comme la bactérie Yersinia pestis à l’origine de l’épidémie de peste ou encore V. cholerae (choléra), ont été responsables de grandes pandémies et ont causé la mort de millions de personnes.
Les médicaments qui combattent les bactéries sont les antibiotiques, qu’ils soient bactéricides ou bactériostatiques (c’est-à-dire qui inhibent leur développement sans les tuer).
La nature est bien faite : certaines bactéries et champignons fabriquent des antibiotiques, c’est d’ailleurs ainsi que Sir Alexander Fleming a découvert leur existence en 1928 (la pénicilline), d’ailleurs de façon fortuite. Pour ses travaux suite à cette découverte, il a reçu en 1945 le prix Nobel, avec deux collègues.
Actuellement, les antibiotiques sont souvent des molécules synthétiques. Ils agissent en bloquant la synthèse de la paroi de la cellule ou en inhibant leur métabolisme. Leur mode d’action, sélectif, ne vise que la bactérie et préserve donc les cellules du patient traité.
Malheureusement, à peine un demi-siècle plus tard, l’ensemble des bactéries pathogènes sont devenues résistantes aux antibiotiques. L’administration répétée de médicaments chez l’homme et l’animal a créé une « pression de sélection » sur les populations bactériennes, entraînant l’apparition de souches résistantes. Il devient alors impossible de traiter certaines affections.
On rencontre maintenant des bactéries multirésistantes aux antibiotiques, les redoutables BMR. Les plus résistantes se voient même qualifier de « superbactérie », comme la NDM-1.