Le débat autour des arrêts maladie en France est récurrent et suscite de vives réactions. En 2022, pas moins de 8,8 millions d’arrêts maladie ont été prescrits.
Cela marque une augmentation de 30 % par rapport à il y a dix ans. Cette hausse soulève des questions sur la réalité des abus, particulièrement des arrêts de courte durée, qui sont aujourd’hui dans le viseur des autorités. La Cour des comptes propose même de cesser leur indemnisation par l’assurance maladie.
Contexte d’abus des arrêts maladie par les français
En 2022, la France a enregistré un record avec 8,8 millions d’arrêts maladie prescrits. Cette tendance à la hausse soulève des interrogations sur la prévalence des abus et le coût financier pour l’assurance maladie. Coût qui est évalué à environ 14 milliards d’euros en indemnités journalières pour cette seule année.
Toutefois, les professionnels de la santé estiment que seule une infime partie, entre 0,6 % et 1 %, des arrêts maladie sont réellement abusifs, la majorité étant justifiée médicalement. Il est intéressant de noter que les courts arrêts, de moins de huit jours, représentent plus de la moitié des arrêts prescrits, mais ne contribuent qu’à 5 % des indemnités versées par l’assurance maladie.
En revanche, ce sont les arrêts de plus de six mois qui génèrent le plus de dépenses, représentant 45 % des coûts annuels.
Causes potentielles de l’augmentation
Plusieurs facteurs peuvent expliquer l’augmentation significative des arrêts maladie en France ces dernières années. Tout d’abord, la stratégie d’isolement mise en place pour contenir la propagation de la covid-19 a entraîné une hausse du recours aux arrêts maladie, notamment pour les personnes infectées par le virus ou considérées comme cas contacts.
Les mesures de confinement et de distanciation sociale ont également pu accentuer le stress et l’anxiété chez certains individus. Par ailleurs, l’évolution des pratiques médicales, telles que le développement des téléconsultations, a facilité l’accès aux arrêts maladie pour certains patients.
Aussi, le recul des chiffres du chômage peut aussi avoir eu un impact sur le nombre d’arrêts maladie, dans la mesure où les individus peuvent être moins enclins à prendre des risques en continuant à travailler en cas de maladie, sachant qu’ils ont un emploi stable.
Parallèlement, le report de l’âge de départ à la retraite et les progrès médicaux permettant de mieux traiter certaines pathologies lourdes, comme les cancers et peuvent par ailleurs avoir contribué à prolonger la durée des arrêts maladie pour certains patients.
Enfin, les difficultés d’accès aux soins, notamment dans certaines régions ou pour certaines pathologies, peuvent avoir conduit certains patients à retarder leur prise en charge médicale.
Le recours croissant aux arrêts maladie en France a suscité un débat sur la question des abus éventuels. Certains estiment que cette augmentation témoigne d’un usage excessif, voire abusif de ces arrêts. Cependant, d’autres acteurs soulignent que la grande majorité des arrêts maladie sont justifiés médicalement et répondent à un réel besoin de repos pour récupérer d’une maladie ou d’une blessure.
Ils mettent en garde contre toute stigmatisation des travailleurs malades et appellent à une approche plus nuancée de la question, prenant en compte les différentes réalités individuelles et médicales.