Vous l’ignorez peut-être, mais tout le monde a des hémorroïdes : par contre, tout le monde n’a pas de maladies hémorroïdaires. Les hémorroïdes, c’est le nom scientifique donné au réseau de veines et d’artères situées au niveau du canal anal (c’est l’aboutissement de votre tube digestif, juste après le rectum). On a tous un réseau d’hémorroïdes internes et un réseau d’hémorroïdes externes. La confusion entre hémorroïdes et maladie hémorroïdaire vient du fait qu’on dit souvent « j’ai des hémorroïdes » pour parler d’une maladie hémorroïdaire. Le prolapsus hémorroïdaire fait partie de ces pathologies assez désagréables qui touchent à ces veines sensibles au niveau de notre anus. On vous explique !
Le prolapsus hémorroïdaire : c’est quoi ?
Tout prolapsus désigne un affaissement anormal d’un ou de plusieurs organes, une « chute » des organes, qui peuvent s’extérioriser en dehors du corps. Le prolapsus hémorroïdaire concerne donc les hémorroïdes, qui peuvent « sortir » par l’orifice de l’anus. Dans le prolapsus, ce sont les hémorroïdes internes (situées à l’intérieur du canal anal) qui s’extériorisent par l’anus. On parle aussi de procidence des hémorroïdes.
Il ne faut pas confondre prolapsus hémorroïdaire et prolapsus rectal: cette autre forme de la maladie désigne l’extériorisation des parois du rectum par l’anus. Ici, on parle bien uniquement des veines. On peut aussi avoir une maladie hémorroïdaire, c’est-à-dire avoir « des hémorroïdes » dans le sens commun, sans que les veines ne sortent par l’anus : on peut alors avoir des douleurs, des saignements, parce que les veines hémorroïdaires sont bouchées ou gonflées. Notez que lorsqu’on a seulement un prolapsus hémorroïdaire, il n’y a pas vraiment de douleur.
Quels sont les symptômes et les causes de ce prolapsus ?
Le prolapsus hémorroïdaire se caractérise par différents symptômes :
- Des veines sortent par l’anus : vous l’avez compris, c’est la définition-même du prolapsus.
- Une tuméfaction est présente au niveau de l’anus : c’est le corollaire du premier symptôme, on va constater une sorte de boule, quelque chose d’enflé et en relief quand on passe le doigt sur son anus.
- Du sang peut suiter de son anus : souvent, c’est lorsque l’on « pousse » sur les toilettes que ces petites veines peuvent « exploser » et saigner. On peut voir seulement des petites gouttes de sang, que cela tache ses vêtements dans la journée, ou que cela éclabousse quand on va aux toilettes : différents degrés sont possibles.
- Une sensation de brûlure, des suintements, des démangeaisons et une gêne peuvent être présentes. Par contre, on ne parle pas vraiment de douleur : si vous avez vraiment mal, il y a sans doute une fissure anale ou une autre maladie hémorroïdaire.
- Notez aussi que prolapsus hémorroïdaire ne signifie pas que les hémorroïdes restent forcément extériorisées : elles peuvent sortir dans l’anus au moment d’une poussée sur les toilettes ou d’un effort et rentrer ensuite spontanément. Tout dépend du degré du prolapsus : parfois, vous devrez remettre vous-mêmes les hémorroïdes dans votre canal anal, parfois elles sont tellement gonflées que cela n’est pas possible.
Il ne faut pas confondre prolapsus et thrombose des hémorroïdes : dans cette maladie, une tuméfaction un peu bleue va apparaître à l’entrée de l’anus. Elle est particulièrement douloureuse et rouge tout autour (à cause de l’inflammation).
Concernant les causes du prolapsus hémorroïdaires, elles peuvent être variées : on parle plus de facteurs favorisant, en sachant que n’importe qui peut avoir un prolapsus des hémorroïdes à un moment de sa vie. Cela touche fréquemment les femmes pendant la grossesse ou après l’accouchement (et cela peut disparaître ensuite) ; chez certaines, cela revient avant les règles. D’autres facteurs de risque existent : l’obésité ou le surpoids, la consommation régulière d’alcool et de plats épicés, un mode de vie sédentaire. On note aussi que les personnes sujettes à la constipation (qui peuvent donc « forcer » pour déféquer, et qui consomment des laxatifs) comme celles qui ont des épisodes de diarrhée aigües sont plus enclines à développer un prolapsus hémorroïdaire.
Comment soigner un prolapsus hémorroïdaire ?
D’abord, bonne nouvelle : avoir un prolapsus hémorroïdaire n’est pas dangereux pour la santé. Même si c’est désagréable, il n’y a pas de complications graves liées à cette maladie.
Pour soigner le prolapsus des hémorroïdes, tout dépend de la situation. Différents traitements sont possibles :
- S’il n’y a pas de gêne, pas de médicaments ! On attend juste que cela se résorbe tout seul, pas besoin d’un traitement spécifique. On fait cependant attention à son alimentation pour éviter la constipation.
- Si vous êtes gêné, que vous avez l’impression que les saignements sont importants, il faut consulter un médecin. Il pourra vous prescrire des traitements locaux pour diminuer la crise et apaiser votre anus : ce sont des crèmes ou des suppositoires qui vont lutter contre l’inflammation et anesthésier localement votre anus douloureux. Certains sont même disponibles sans ordonnance ! Il faudra aussi veiller à changer votre alimentation pour éviter toute constipation et ramollir vos selles : cela consistera à manger plus de fibres pour faciliter votre transit.
- Si votre prolapsus est sévère, durable, qu’il revient souvent et qu’il est impossible de remettre les hémorroïdes dans votre canal anal, un traitement instrumental ou une intervention chirurgicale seront envisagés. Évidemment, seul un médecin pourra déterminer celui qui vous sera adapté. On pourra opter pour des techniques de ligatures en remontant et fixant les hémorroïdes dans le canal anal (à leur place naturelle), ou bien faire une résection, c’est-à-dire enlever une partie des hémorroïdes.
Vous l’avez donc compris, si « avoir des hémorroïdes », ou plutôt un prolapsus hémorroïdaire, peut s’avérer assez désagréable et peu glamour, c’est en général une maladie bénigne et sans risque. Cela ne vous dispense pas d’aller consulter un médecin pour avoir un traitement adapté, vous rassurer ou envisager une intervention chirurgicale si elle est nécessaire. Votre médecin en a vu d’autres, n’ayez pas honte !