Caractérisé par un serrement de dents, le bruxisme concerne 10 à 15 % de la population française. S’il est encore sujet à beaucoup de questionnements de la part de la communauté scientifique, le bruxisme est de mieux en mieux pris en charge. Souvent associée au stress, sa pathogenèse est toutefois bien plus complexe. Zoom sur ce dysfonctionnement temporo-mandibulaire.
Qu’est-ce que le bruxisme ?
Le bruxisme est un trouble dit « fonctionnel ». Cette dysfonction temporo-mandibulaire entraîne le grincement ou le serrement de dents. Certains spécialistes parlent également d’une « parafonction » puisque le bruxisme est un phénomène exercé sans but ; mais, qui peut, à d’autres moments, servir une fonction.
Le bruxisme est généralement nocturne. Il se manifeste alors pendant certaines phases du sommeil. Les études observationnelles le situent entre le sommeil profond et le sommeil préparadoxal. À ce moment précis du cycle, le corps ressent une série de microéveils au cours desquels une activité rythmique se manifeste dans les muscles manducateurs. Ces phases sont brèves, mais répétées, généralement au cours de chaque cycle. Dans certains cas, le bruxisme peut aussi être diurne. Il est alors principalement dû à des neuropathologies.
Certains spécialistes classent également cette dysfonction en forme primaire ou secondaire. Le bruxisme est dit « primaire » lorsqu’il n’est pas associé à une maladie. À l’opposé, le bruxisme secondaire est lié à une pathologie. Les pathologies incriminées sont principalement neurologiques comme la maladie de Parkinson. Dans de rares cas, la forme secondaire s’observe à la prise de certains neuroleptiques.
En tout état de cause, et, quelle que soit sa forme, les symptômes les plus courants du bruxisme sont :
- Les douleurs dans la mâchoire ;
- L’usure accélérée des dents ;
- Les douleurs dans les joues, les tempes et l’avant de l’oreille.
Quelle est la cause du bruxisme ?
Selon le Journal de parodontologie & d’implotogie orale, « le bruxisme serait l’expression de l’anxiété, des difficultés rencontrées dans la vie ou encore des frustrations ressenties ». Le stress ou l’anxiété serait donc la principale cause du bruxisme.
Cependant, l’Association de Psychiatrie Américaine assimile cette dysfonction temporo-mandibulaire à un trouble comportemental. Elle lui associe d’ailleurs un certain nombre d’autres facteurs de cause :
- La consommation d’alcool ;
- Le tabagisme ;
- Les troubles endocriniens ;
- L’utilisation de certains psychotropes ;
- Les désordres neurologiques.
Ce qui est toutefois évident aux yeux des scientifiques, c’est que le bruxisme est associé à certains troubles du sommeil, l’insomnie notamment, sans qu’aucun lien de causalité ait encore été établi.
Comment traiter le bruxisme ?
Bien qu’il ne soit pas fondamentalement dangereux, le bruxisme est assez difficile à prendre en charge. Avant toute chose, il faut parvenir à le diagnostiquer et consulter les bons praticiens. Focus sur la prise en charge du dysfonctionnement temporo-mandibulaire.
Comment diagnostiquer le bruxisme ?
Le diagnostic du bruxisme se déroule généralement en deux phases : l’observation extérieure et l’examen dentaire.
Dans la majorité des cas, le bruxisme est signalé par un parent ou un conjoint. En effet, le bruxisme survient généralement pendant le sommeil. Le dormeur n’a par conséquent aucune conscience de son état. C’est donc une autre personne présente qui est alertée par les bruits émis par le grincement de dents. Il s’agit alors d’une phase d’alerte qui doit pousser à consulter.
Lorsque l’observation extérieure tire la sonnette d’alarme, une consultation médicale s’avère nécessaire. En général, si le médecin de famille est en première ligne, c’est un examen dentaire qui révèle le dysfonctionnement et son caractère de gravité.
Qui consulter en cas de bruxisme ?
Le bruxisme étant un dysfonctionnement multifactoriel, la prise en charge est coordonnée entre différents médecins.
Dans un premier temps, c’est le médecin de famille qui est contacté. C’est l’observation du conjoint ou des douleurs à la mâchoire qui amènent généralement cette consultation.
Dans un deuxième temps, c’est le dentiste qui prend le relais. En examinant les dents, il peut confirmer la présence ou non d’un bruxisme. Ce spécialiste peut aussi établir la sévérité du dysfonctionnement en fonction de l’usure dentaire. Suivant les cas, il aura recours à des traitements naturels, mécaniques ou chirurgicaux.
Dans un troisième temps, un psychiatre vient en renfort. Contrairement à ses confrères qui traitent les conséquences, le psychiatre essaie de traiter les causes. Il vient en effet en appui pour soulager le stress et l’anxiété.
Dans un quatrième temps, il est possible d’être amené à consulter un spécialiste du sommeil. Il pourra ainsi déterminer dans quelle mesure le bruxisme est associé à des pathologies du sommeil.
Comment soigner naturellement le bruxisme ?
Si les conséquences à long terme cette dysfonction temporo-mandibulaire nécessitent une prise en charge médicale, il est parfois possible de la prévenir de manière naturelle. Dans ce cadre, il existe trois approches : la gestion mécanique, la modification des habitudes de vie et l’accompagnement psychologique.
Chez le bruxomane, la contraction des muscles de la mâchoire est involontaire. Il existe des orthèses orales (gouttières) qui empêchent une pression trop forte des mâchoires. De cette manière, les dents restent préservées du frottement. Si le bruxisme persiste, un peu, les conséquences sont néanmoins fortement ralenties.
Certaines (mauvaises) habitudes liées à l’hygiène de vie sont pointées du doigt par les spécialistes. En les réduisant, les bruxomanes réduisent aussi l’incidence du dysfonctionnement. Avant de recourir à des techniques de soin plus ou moins invasives, il est intéressant de modifier ces facteurs. Les spécialistes recommandent ainsi de :
- Réduire sa consommation d’alcool ;
- Arrêter de fumer ;
- Revoir son traitement médicamenteux (en concertation avec son médecin) ;
- Faire une anamnèse pour déceler d’éventuels troubles neurologiques.
Le stress et l’anxiété sont décrits comme les principaux facteurs d’apparition du dysfonctionnement. Un travail de psychothérapie peut donc être d’une grande aide pour se soulager de l’anxiété. Chez certains bruxomanes, les séances de relaxation donnent de très bons résultats. Cependant, il ne faut pas céder aux sirènes des médicaments relaxants (psychotropes), sous peine de faire pire que mieux.
Dans la majorité des cas, le bruxisme est un trouble épisodique lié à un état nerveux particulier. Cependant, il nécessite toute votre attention, car, à long terme, il peut causer d’importants problèmes bucco-dentaires. Alors, n’attendez pas de voir vos dents tomber en morceaux et consultez un professionnel de la santé si vous pensez souffrir de ce dysfonctionnement.