Le prolapsus fait partie de ces maladies peu ragoûtantes qu’on n’a pas envie d’aller chercher sur internet. Pourtant, le prolapsus n’est pas si rare, et sans être médecin, connaître les symptômes, les causes et le traitement de cette maladie peut vous aider à mieux l’appréhender si vous veniez à en souffrir, ou si des proches en sont atteints. On vous explique donc ce qu’est le prolapsus : tout ce que vous devez savoir est ici !
Qu’est-ce qu’un prolapsus ?
Prolapsus, en latin, signifie « chute ». Ce qu’on appelle prolapsus, c’est une chute d’organes qui peuvent aller jusqu’à sortir en partie du corps. On parle aussi de « descente d’organes » dans le langage courant.
Quand on parle du prolapsus, on fait en général référence au prolapsus génital, aussi appelé génito-urinaire : dans ce prolapsus, certains organes « tombent », et peuvent sortir en partie par le vagin ou l’anus. Il existe aussi le prolapsus de la valve mitrale, qui n’a pas cependant franchement de rapport.
Le prolapsus génito-urinaire prend plusieurs formes (on y revient un peu plus bas). Sachez déjà que c’est une pathologie qui touche en majorité les femmes, et que le prolapsus génital a trait aux organes pelviens – les organes situés dans le pelvis, c’est-à-dire dans ce qu’on appelle le petit bassin : ce sont la vessie, l’utérus ou le rectum qui peuvent glisser.
Quelles sont les causes du prolapsus ?
Pour comprendre les causes du prolapsus, il faut comprendre ce qui conduit les organes à descendre. En effet, en temps normal, nos organes restent à l’intérieur de notre corps (et heureusement). Mais pour ce faire, les organes du petit bassin sont retenus par un système complexe. Allez, un peu d’anatomie !
Les organes pelviens (utérus, vessie, rectum) sont soutenus par ce qu’on appelle le plancher pelvien ou le périnée. C’est la paroi inférieure du pelvis : le périnée, qui est un ensemble de muscles tendus entre le sacrum (à l’arrière du bassin) et le pubis (à l’avant du bassin), passe en dessous de la vessie, du rectum (et de l’utérus pour les femmes). Ce système de soutien par le bas est complété par des ligaments qui « retiennent » les organes, par le haut.
Maintenant que cela est plus clair, vous comprenez qu’un prolapsus est causé par un affaiblissement de ce plancher pelvien : le périnée, lorsqu’il s’affaisse ou les ligaments qui sont moins tendus, ne vont plus bien retenir les organes. Cela peut aboutir à ce qu’ils descendent progressivement dans le corps, jusqu’à sortir par l’anus ou le vagin. Les causes les plus fréquentes d’un affaiblissement du périnée, qui peuvent conduire à une chute des organes pelviens, sont :
- L’âge et la ménopause : chez les femmes, la ménopause entraîne une chute de la production d’œstrogènes (qui permettent notamment l’élasticité des tissus). L’âge est aussi responsable d’un relâchement des muscles (c’est logique : votre corps vieillit avec vous).
- Les accouchements répétés par voie naturelle – mais aussi potentiellement l’utilisation de forceps lors de l’accouchement, les déchirures du périnée et toutes les lésions liées à un accouchement par voie basse.
- Des actes chirurgicaux touchant les organes du petit bassin (comme l’ablation de l’utérus).
- Une pratique intensive du sport, et notamment des exercices de musculation abdominale.
- Un surpoids ou une obésité.
- D’autres facteurs qui entraînent trop de pression sur l’abdomen : le port répété de charges lourdes, une toux ou une constipation chronique.
Quels sont les symptômes annonciateurs ?
Il faut savoir qu’il existe différents types de prolapsus (on y reviendra plus tard), et différents degrés de sévérité : naturellement, si vous voyez une excroissance apparaître au niveau de votre vagin ou de votre utérus, vous vous êtes sans doute déjà inquiété. C’est que votre prolapsus est déjà bien avancé et que vous subissez une descente d’organes sévère.
Pour anticiper et ne pas arriver à cette situation, il faut consulter un médecin rapidement si ces symptômes surviennent :
- Une gêne dans le bas du ventre ou la sensation de présence d’une « boule » au niveau du vagin ou de l’anus.
- Une gêne ou des douleurs lors des rapports sexuels – et éventuellement des saignements hors des règles.
- Des troubles urinaires : l’organe qui s’affaisse progressivement vient appuyer, compresser l’urètre, par lequel sort l’urine. Vous pouvez avoir des difficultés à uriner avec un jet d’urine faible ou souffrir d’incontinence urinaire, particulièrement d’effort : quand vous toussez, que vous faites du sport, que vous riez, vous souffrez de fuites urinaires incontrôlées. Vous pouvez aussi souffrir d’urgenterie, avec un besoin d’uriner urgent et/ou très fréquent que vous ne pouvez ni anticiper, ni contrôler.
- Si un organe pelvien commence déjà à être extériorisé, des douleurs fortes quand on reste debout longtemps et qui diminuent une fois allongé.
Quelles sont les différentes formes du prolapsus ?
Il existe quatre grandes formes de prolapsus, selon les organes qui sont touchés par la « descente ». Notez cependant que lorsque le périnée est affaibli et ne remplit plus son rôle de « plancher » pelvien, tous les organes ont tendance à s’affaisser. Il y a donc :
- Le prolapsus de la vessie, aussi appelé cystocèle : la paroi antérieure (donc devant) du vagin s’affaisse et le vagin sort par la vessie. C’est la forme la plus fréquente de prolapsus génito-urinaire.
- Le prolapsus de l’utérus ou hystérocèle (on comprend pourquoi ça ne peut toucher que la femme !). On parle parfois de prolapsus utérin : c’est toujours les parois du vagin qui s’affaissent, mais cette fois, c’est l’utérus qui « tombe » dans le vagin.
- Le prolapsus rectal, donc du rectum (plus rare), appelé rectocèle, qui peut alors toucher des hommes. Le rectum s’affaisse sur lui-même et peut aller jusqu’à sortir par l’anus. Il en existe différents types, selon ce qui sort : soit seulement la muqueuse du rectum, soit toute la paroi rectale.
- On trouve enfin le prolapsus hémorroïdaire qui touche ces veines dilatées au niveau de l’anus ou du rectum.
Quand faut-il opérer un prolapsus ?
Il n’est pas toujours nécessaire de subir une opération chirurgicale quand on souffre d’un prolapsus. On parle d’une intervention chirurgicale fonctionnelle : l’opération est motivée par la gêne que le patient ou la patiente ressent, par exemple lorsque les rapports sexuels sont rendus impossibles. Tout dépend aussi du degré de sévérité du prolapsus. Avant d’envisager une opération, des techniques de rééducation du périnée par la kinésithérapie et/ou le port de pessaires sont prescrits. Un pessaire, c’est un dispositif que l’on introduit dans le vagin et qui remplace le plancher pelvien qui s’affaisse : il vient soutenir les organes.
C’est donc seulement si le prolapsus empêche de vivre sereinement qu’une opération chirurgicale est envisagée. Parfois, cet acte induira une ablation de l’utérus : ce n’est donc pas à prendre à la légère. Dans tous les cas, seul un médecin pourra déterminer si votre prolapsus nécessite d’être opéré, ou non : et il est important d’aller consulter un professionnel de la santé si vous ressentez des symptômes pouvant s’apparenter à un prolapsus génito-urinaire !